Jerome Poulalier

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Rucher maestro, Jean-Luc Malugani nous invite au plus près de ses colonies bourdonnantes pour découvrir les secrets de fabrication du miel et photographier son quotidien. Immersion.


Dans le cadre d’une série de reportages métiers pour Granvillage, Jean-Luc Malugani nous reçoit à Thoiry, dans le Pays de Gex (01) où il est basé et possède une partie de ses ruches. Il compte bien nous y emmener, mais avant, il faut prendre des précautions : Jean-Luc prépare un petit bouquet de lavande séchée qu’il embrase et place dans un petit enfumoir pour masquer les phéromones des abeilles et s’assurer que ces dernières restent tranquilles à l’approche de nos équipes.

« La fumée produite par l’enfumoir va masquer les phéromones émises par les abeilles ouvrières qui se sentent en danger. Elle permet d’éviter que les abeilles ne deviennent agressives lorsque l’on vient recueillir leur miel. Quant à la lavande, c’est un détail personnel. Je l’utilise pour que ça sente bon, qu’il n’y ait pas de molécules industrielles. Nombreux sont les apiculteurs à utiliser des granules de végétaux compressés, d’autres préfèrent le foin. Quel que soit le végétal, c’est surtout l’odeur de la fumée qui masque les phéromones et brouille les communications. »

Nous voilà fin prêts à découvrir les ruches de Jean-Luc. Il en possède plus de 200, réparties sur plusieurs sites qu’il tient à garder secrets. Les pillages sont fréquents et toujours plus réguliers.

Avant de côtoyer des abeilles au quotidien, Jean-Luc a fait carrière dans l’industrie métallurgique. Il a commencé tout en bas de l’échelle, puis barreau après barreau, est devenu directeur d’usine d’abord en France, puis à l’international. Finalement, la passion a pris le dessus. C’est Joseph Faure, un apiculteur des Hautes-Alpes, qui fut son mentor. De client, il est devenu élève. Il l’a rejoint en stage, s’est formé et a appris à ses côtés. Cette rencontre qui a changé sa vie, Jean-Luc la qualifie d’unique et magnifique.

« Mon plus grand bonheur aujourd’hui, c’est tout simplement de faire du miel. Je suis fier d’avoir fait quelque-chose de mes mains et d’en vivre, surtout en venant de l’industrie. Je suis fier d’avoir mes propres ruches, mon propre cheptel, et ces abeilles incroyables et douces. L’apiculture c’est un plaisir, on ne peut pas travailler avec des ruches agressives. La plupart du temps, je passe la saison en short et t-shirt. Il m’arrive évidemment de me faire piquer, mais ça reste assez rare. Et bien souvent, c’est de la défense plus que de l’agressivité. Une abeille peut voler jusqu’à 50 km/h. Lorsque l’on travaille autour d’une ruche qui contient en moyenne entre 30 000 et 50 000 individus, il arrive parfois que l’une d’entre elle nous heurte. Elle pique alors par réflexe. L’apiculture enseigne patience et humilité. Ce sont les abeilles qui prennent les décisions, pas l’Homme. Il faut savoir les comprendre, les écouter. Si on ne le fait pas, on finit toujours par le payer. »


Aujourd’hui avec ses ruches, Jean-Luc produit environ deux tonnes de miel brut chaque année. Lors de sa première année, Jean-Luc a vendu 20 kilos de miel. Les années suivantes, la demande n’a fait que croître. « Certains de mes clients m’assurent soigner leur toux avec mon sirop. D’autres l’utilisent simplement dans leurs infusions, mais tout le monde semble y trouver son compte ».

La fabrication du miel de A à Z

« De l’élevage des abeilles à la commercialisation, l’apiculteur suit méticuleusement plusieurs étapes. La première, la récolte, est habituellement opérée entre mi-juin et mi-juillet. Ensuite vient l’extraction, réalisée grâce à une centrifugeuse qui vide les cellules de plusieurs dizaines de cadres chargés en miel. Le miel passe ensuite en maturation, au repos, dans une cuve en inox pour libérer à sa surface une écume composée de microparticules de cire et de propolis* qui sont issues de la centrifugation et de la découpe des opercules. Une fois cette écume retirée grâce à l’opération appelée écrémage, le miel peut être mis en pot, étiqueté et mis sur le marché. »

(*propolis : un antibactérien naturel puissant, recueilli sur les bourgeons par les abeilles puis transformé par leurs soins et utilisé en masse dans les ruches pour colmater et désinfecter les cellules.)

Marquage de la reine par un point de couleur.

Producteur référencé sur Granvillage, Jean-Luc apprécie tout particulièrement le circuit court pour le contact privilégié avec ses clients. Il réalise 80% de son chiffre d’affaires sur les marchés, à Thoiry (Ain) ainsi qu’à Saint Pierre en Faucigny (Haute-Savoie). En plus des quelques salons, portes ouvertes et marchés de Noël ponctuels au cours de l’année, Jean-Luc commercialise également sa gamme de miels et produits dérivés dans des petites et moyennes surfaces en dépôt vente.

Jean-Luc Malugani, Apiculeur :

"Des photos, il y en a eu de prises depuis que je me suis reconverti de l’Industrie vers l’Apiculture. Prises par moi-même, prises par d’autres, la famille, les amis, les visiteurs, les passionnés…. Malgré tous ces clichés, desquels je croyais qu’ils suffiraient à me permettre de me souvenir, de tous ces merveilleux moments que me donnais mon métier, je dois admettre qu’ils devinrent presque inexistants à ma mémoire, devant tous les moments capturés par ce photographe. Jérôme a su trouver les lumières, des moments les plus simples comme l’allumage de l’enfumoir, jusqu’aux moments spectaculaires, où les abeilles s’invitent sur notre peau… Ce reportage est LA REFERENCE en la matière, si je devais résumer ma passion professionnelle de 10 années, et je le dois à cette belle rencontre avec Jérôme Poulalier. Ces images furent également marquantes pour mon entourage, et je remercie encore Jérôme, pour avoir su fixer le temps de notre rencontre toutes les belles énergies présentes cet après-midi-là, et ainsi permettre à ceux qui les regardent encore aujourd’hui, de vivre mon métier, ma passion. Merci Jérôme."

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