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Si le Koweït est synonyme de pétrole et évoque la guerre du golfe, la division daguet ou l'opération « Tempête du désert » dans l’inconscient collectif, qu'en est-il de son histoire, de son patrimoine, de son architecture ? Dans ce pays où plus de 90% de la population vit à la capitale et où la démolition de nombreux sites historiques prend une ampleur telle que bientôt, aucune trace de l'histoire ne restera érigée, Koweit City laisse place à encore plus de bâtiments neufs, centres commerciaux immenses et autres business centers. 2021 marquera le 60ème anniversaire de l’indépendance du pays et le 30ème anniversaire de la fin de la guerre du Golfe.
Le palais Fahad Al Salem est l'un des rares complexes résidentiels historiques situés au cœur de Koweït City. En 2018, le gouvernement approuve la cession de la propriété au ministère de la Santé en vue de démolir le complexe pour construire une extension de parking à l'hôpital Amiri. Pour préserver le patrimoine du pays, le NCCAL (Conseil national koweïtien de la culture, des arts et des lettres) fait jouer son droit de propriété en débutant une restauration complète du bâtiment il y a 2 ans.
Dans des salles dédiées de leurs maisons, les grandes familles koweïtiennes reçoivent chaque semaine leurs invités et leur offrent le thé avant d’entamer de multiples débats, individuels ou collectifs. Pierre angulaire des relations sociales dans le pays, mais aussi et surtout des négociations politiques et commerciales, les diwaniah sont à l’origine de nombreuses rencontres et décisions stratégiques. Depuis plus de 250 ans, elles marquent le pouls du développement du pays, permettant une communication rapide et la recherche de consensus dans un contexte formel mais bienveillant
Avec plus de 500 appartements au total, le complexe résidentiel Al Sawaber a été démoli en 2019 à la demande du ministère des Finances. Construit en 1981, Al Sawaber était une construction relativement récente imaginée initialement comme un modèle de vie collective. Participant à façonner la modernisation de l'architecture koweïtienne, elle incorpore des techniques ancestrales permettant l'isolation et la protection contre le soleil d'été et les tempêtes de sable. Malgré la volonté des communautés locales qui s'associent et tentent de sauver le complexe en manifestant pour sensibiliser l’opinion publique à l’importance du patrimoine urbain, 70% des locataires sont rapidement évacués et relogés. Le manque d'entretien et l'augmentation de la valeur des terres conduisent à la démolition, bien que le gouvernement n'ait jamais exprimé de vision claire pour l'avenir de la zone hyper-centrale. Le complexe a aujourd'hui complètement disparu et laisse un vide de 25 hectares en plein cœur de Koweït City.
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Série sélectionnée en finale du Prix Levallois 2020. Plus d'infos ici
Photo du palais disponible sur la boutique