Jerome Poulalier

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Au rythme des saisons et aux quatre coins de la France, ils sèment, récoltent, cueillent, cultivent et élèvent. Avec Granvillage, on vous emmène à la rencontre des productrices et producteurs qui remplissent vos assiettes et font le bonheur de vos papilles.


On connait les vertus bien-être, thérapeutiques et cosmétiques de la spiruline. Mais l’algue miraculeuse fait bien plus encore. Elle est aussi utilisée lors des missions humanitaires, notamment en Afrique, pour contrer la malnutrition dans les pays en voie de développement. En Chine et aux États-Unis, la spiruline est cultivée en masse. Les volumes de production sont industriels. Mais nous, c’est à Condillac, dans la Drome provençale, que nous avons voulu en savoir plus sur la spiruline. Rendez-vous pris avec Nicole Charmont qui cultive de la spiruline avec son mari Olivier depuis 2012.


Alors que Nicole était encore en poste au Ministère de l’Agriculture, Olivier consommait déjà de la spiruline pour lui apporter l’énergie nécessaire lors de ses journées en tant que maréchal-ferrant. Son expérience de consommateur et la passion de sa femme pour le bien-être et la nutrition ont constitué un capital de départ motivant pour se lancer. Après une courte formation dans un centre agricole et un stage chez un producteur de spiruline, Spirales De Lux, entreprise spécialisée dans la culture de la spiruline, a vu le jour !

Aujourd’hui, ils sont trois dans l’aventure, rejoints par Angélique Hurtier. La première année, alors qu’ils étaient encore en phase d’expérimentation, Nicole et Olivier ont produit 50 kg de spiruline séchée. Aujourd’hui, le couple en produit 10 fois plus et continue encore de se développer 8 ans après son lancement.

Chez Spirale de Lux, les serres sont teintées de vert du sol au plafond, l’air y est chaud et humide, presque tropical. Les bassins d’eau remplis de la fameuse spiruline verdoyante sillonnent la serre principale et sont brassés par des roues mécaniques, qui diffusent un bruit de ruisseau léger et agréable.

Nicole, passionné et passionnante, nous plonge immédiatement dans son univers : « La spiruline, c’est le début de la vie sur Terre, il y a 3,5 milliards d’années. Cultivée et considérée comme une algue, elle fait partie de la famille des cyanobactéries, qui ont participé, grâce à leurs facultés de photosynthèse, à la création d’oxygène, et donc à la vie sur Terre. Riche en acides aminés, en magnésium et en protéines pour ne citer que quelques-uns de ses points forts, la spiruline est le 2ème aliment le plus riche au monde, après le lait maternel. »

La spiruline grandit dans les bassins et passe ensuite dans une pompe, qui envoie un mélange d’eau et d’algue dans une machine bien particulière : conçue par un confrère spirulinier, elle permet de récolter l’essentiel du produit grâce à une toile de filtration fixée sur un tambour. La spiruline qui vient alors s’y déposer sera récupérée par une raclette et tombera ensuite dans la goulotte puis dans l’égouttoir.

Déjà préfiltrée mais encore très liquide, Nicole utilise une machine à dépression pour extraire un maximum d’eau et faire en sorte que la spiruline devienne plus pâteuse. Elle peut ainsi être façonnée en filaments puis séchée naturellement et conserver toutes ses propriétés alimentaires et gustatives.

Le procédé, relativement répétitif, est assez rapide. La récolte se fait le matin, le façonnage dans la foulée et le soir, la spiruline est sèche, prête à être mise en sachets. Tout est fait à la main ou avec un recours minimum à l’électricité. Même la presse qui transforme la pâte en filaments est actionnée à force d’homme.

Concernant la récolte, Nicole précise : « Quand on récolte dans les bassins, le but n’est pas de recueillir l’intégralité de la spiruline mais au contraire d’en laisser suffisamment pour qu’elle puisse continuer à se reproduire naturellement. En moyenne à cette période, on récolte 10kg secs (produits fini, séché) 3 fois par semaine. C’est une activité assez saisonnière, de novembre à février il n’y a pas assez de lumière et de chaleur pour la spiruline, donc on met les bassins au repos, et quand on voit que la concentration remonte, on réactive le processus. Cela dépend du temps. »

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